Le baisemain du Diable à la Fée des Fleurs (2008) Painting by Diane Medus

De votre album :
La planète dorée, Conte de M. C. GUERRIN illustré par D. MEDUS
Quelques semaines avant que ne survienne ce drame épouvantable, notre galant faisait une cour empressée à la dame de ses pensées... Celle pour qui battait son cœur, Lolita, la jolie fée des fleurs. Il en était si épris, qu'il n'en dormait plus, ni de jour, ni de nuit !
Aussi belle que talentueuse, cette fatale beauté était fort recherchée. Bien que certains prétendissent qu'elle était plutôt sotte et quelque peu boulotte ! Mais, qu'importe... N'écoutons point les mauvaises langues qui ne sont bonnes à s'exercer qu'à l'art de la critique.
Donc, avant que ne survienne l'irréparable, entre les deux amants, tout allait pour le mieux.
Tout était idyllique et semblait merveilleux. Lolita et son diabolique soupirant étaient inséparables.
Tout arriva par une nuit de printemps, au cours d'une fête fabuleuse que donnait notre fée au sein de son palais. Car le lendemain, au cours d'une émouvante cérémonie, serait couronnée reine de l'année, la fée la plus charmante, la plus douée, celle qui aurait des menottes parfaites, ainsi qu'une silhouette et un visage de rêve.
Dur labeur, mes amis, que d'obtenir ce titre ! Car, il fallait avoir des mains irréprochables, sans coupures et sans tâches, sans le moindre défaut. De plus, la peau se devait d'être blanche, fine et transparente, les doigts longs et effilés, et les ongles soigneusement limés, vernis, manucurés. Point n'est besoin de préciser que toutes les fées, postulants à ce titre envié, portaient, tout au long de l'année, des mitaines ou des gants pour protéger leurs mains et, en les enduisant de crèmes extravagantes ou d'onguents mystérieux, consultaient sans relâche leurs miroirs ou leurs baguettes magiques pour savoir qui, en remportant le titre, porterait la couronne durant l'année prochaine.
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Voici pourquoi ce soir, sûre et certaine d'être couronnée reine le lendemain matin, Lolita donnait une soirée en ses vastes jardins. Après avoir jeté ses mitaines aux orties, l'imprudente fée des fleurs exhibait ses menottes, ointes d'huile très précieuses, pour faire pâlir d'envie ses rivales, fort nombreuses.
Le bal était grandiose... La fête battait son plein lorsque survint notre malin qui, pour se faire désirer, arrivait bon dernier. Sitôt qu'il vit sa belle, il accourut vers elle et baisa tendrement la main qu'elle lui tendait. Que n'avait-il fait là ! Quelle erreur très grossière..... Soudain, sortant de son gosier, une flamme gigantesque vint effleurer la menotte de la fée qui fut gravement brûlée. Voyant cela, après avoir poussé un hurlement strident, la belle sombra dans l'inconscience. La panique fut intense et la pagaille immense. Aussitôt alertés, se ruant autour d'elle, les invités manquèrent bien l'étouffer ! Hélas ! Malgré les soins qui lui furent prodigués, il fut impossible de ranimer la fée qui, pâmée et plus blanche qu'une morte, gisait entre les bras, puissants et protecteurs, de son cher fiancé, éploré.
Appelées en renfort, les cigognes la transportèrent d'urgence à la clinique la plus proche où elle fut soignée avec toute la patience et tout le dévouement qu'exigeait son état.
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Après un tel éclat, le diable fut montré du doigt, houspillé, conspué, harcelé de reproches et banni de toutes les réunions mondaines qui eurent lieu par la suite dans toute la région.
Ensuite, non content de l'avoir mis en quarantaine, on l'interdit également de baisemain jusqu'à la fin des temps ! Il va sans dire que cette sulfureuse affaire de baiser fit couler beaucoup d'encre et parler les bavards.
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Peu après ce malheureux incident, enfin remise de ses frayeurs, notre futée fée des fleurs sut tirer habilement profit de la situation, en réclamant à son ex-joli cœur, des millions de dollars en réparation des dommages !
Pour faire cesser les plaideurs qui s'étaient emparés de la cause, notre démon paya, rubis sur l'ongle, la somme demandée. Cette dernière était exorbitante. pour ne pas dire astronomique et comportait divers frais, dont l'origine resta des plus obscure jusqu'à la fin du procès....C'est dire qu'à l'arrivée la facture fut salée !
Presque ruiné, le cœur lourd de regrets de voir se terminer de si triste façon liaison si romantique, pendant longtemps, le diable demeura plein de ressentiment envers la gent féminine qu'il accusa bientôt de perfidie et de bien d'autres vilenies encore.....
Dès lors, vivant reclus au sein de son enfer, amer et solitaire, il y tournait en rond sans cesse et sans répit. Ainsi, de la soirée à l'aube et toute la sainte journée, il allait et venait ne s'occupant plus guère des nombreux pensionnaires, rôtissants sans contrôle dans son immense brasier. Jusqu'au jour où, réveillé dans sa sieste par un bruit insolite , il sortit de chez lui. La suite on la connaît, ce fut catastrophique !
« Et Lolita ? . ». Me direz- vous.
La fée des fleurs connut des jours bien meilleurs par la suite. Sa fortune étant faite, elle finit par guérir et se remit si vite de cette mésaventure qu'elle remporta le titre et porta la couronne toute l'année qui suivit. Certaines mauvaises langues, (toujours les mêmes !), Prétendirent que le titre lui fut accordé '' in extremis !'' En raison du préjudice subit ! Mais foin des commérages... N'allez surtout pas croire tous ces vils racontars.

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